Un aventurier français aux Philippines

Un aventurier français aux Philippines

p186Paul de La Gironière était un chirurgien de marine du XIXe siècle, originaire de la région de Nantes. Une quarantaine imprévue le retient aux îles Philippines, alors espagnoles.

Il y restera 25 ans. Après avoir exercé quelques temps la médecine et s’être marié, il achète une concession dans une région infestée d’animaux sauvages et de pirates qui ne le sont pas moins. La péninsule de Jala-Jala, sur un grand lac de l’île de Luçon sera son fief. Il y arrive seul, à pied, et demande à voir le chef des bandits. « Je suis le seigneur de ce lieu. J’ai besoin d’une garde personnelle. Tu es un brigand, mais si tu me donne ta parole d’honneur que tu veux désormais être un homme honnête, je te nommerai mon lieutenant ». Le chef reste impassible. Il réfléchit. Puis se prosterne : « Je te servirai jusqu’à la mort ! ». La petite garde d’une dizaine de Tagalogs, sera dévouée corps et âme à son chef. Un chef respecté de tous, même de ses ennemis pirates contre lesquels la lutte sera permanente. Mais La Gironière en impose à tous par son courage à la limite de l’inconscience, ses qualités d’organisation, son inventivité, sa justice, et surtout le bien qu’il fait à tous. Il emploie 2700 ouvriers, bâtit une église, fait cultiver le riz, le café (il gagne un prix), l’indigo (créant une nouvelle méthode d’extraction), la canne à sucre (acclimatant une variété polynésienne). Sa ferme compte plusieurs milliers de têtes de bétail : bovins, chevaux, ovins, porcs (il crée une race par croisement). Tout cela au milieu des typhons, tremblements de terre, invasions de sauterelles périodiques. Cela, en faisant les chasses les plus dangereuses, aux buffles, aux boas capables d’avaler un cerf, aux caïmans (dont un de 9 mètres). Et des explorations : grottes angoissantes ; territoires inconnus, peuplades cannibales, ce qui l’amènera à manger de la cervelle humaine crue lors d’une fête. Tout lui réussit.
Puis les malheurs s’accumulent. Le décès de sa femme tant aimée, de ses deux enfants, de ses deux frères. Brisé, il vend sa ferme et rentre en France revoir sa mère et ses sœurs. Il s’y remariera, aura deux autres enfants ; sa deuxième femme mourra à son tour. Il repartira finalement aux Philippines, y créera une entreprise sucrière. On le retrouve mort en 1862, probablement assassiné. Encore un de nos héros honorés au bout du monde, et oubliés dans leur patrie.

François Montgisard

Chant Je t’aime o ma patrie dans notre CD Chants d’Europe II

J’achète

Tags :
, , , ,