Archives du mot-clé Le Temps de la colère

1914 Charles de Foucauld  

La sainteté qu’appelait Barrès devant «  le flot montant de la grossièreté destructrice » resplendissait pour elle, là-bas, dans le Hoggar étincelant de lumière, où seul, vêtu de sa tunique blanche, l’ermite Charles de Foucauld était allé, en plein XXe siècle, épouser le silence et la pauvreté pour racheter nos obscènes inversions de la parole et du bien-être.
Tout redevenait pour elle signe d’une aventure miraculeuse vers laquelle elle se hâtait comme à des noces solennelles.

Extrait de « Le Temps de la colère » de R. Vallery-Radot, éditions Bernard Grasset

CD Chants de pèlerinage à Notre Dame notre chant Reine de France

 

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1914 L’avant-guerre

Maurice Barrès

Que s’est-il donc passé ? Comment le sel en est-il venu à s’affadir à ce point ? Qu’on se rappelle le merveilleux printemps spirituel qui éclatait de toutes parts à la veille de la guerre : alors l’Eglise réapparaissait soudain dans sa gloire d’aïeule vénérable, d’auguste gardienne des antiques secrets du vivre et du mourir, et le monde étonné de l’avoir trop longtemps délaissée se tournait vers Elle. Claudel, le Cyclope subjugué par l’Enfant-Roi de Bethléem, recréait les premiers âges du monde dans sa grotte marine. Péguy, le pèlerin de Chartres, voyait l’Univers comme une paroisse de son Orléanais dans le giron de Dieu ; Jammes, l’Oegipan baptisé par saint François au bord du Gave béarnais, conviait toute la création à louer le Pain et le Vin changés au Corps et au Sang de Dieu ; Psichari, le centurion des déserts de l’Adrar, découvrait dans l’Armée l’image d’une soumission plus haute ; Augustin Cochin, le jeune chartiste doucement obstiné, démasquait le muffle de la Bête apocalytique « pleine  de paroles » sous les sept voiles du messianisme démocratique ; et sur le parvis des Gentils, ceux qu’on appelait en ce temps-là les apologistes du dehors renforçaient le chœur de ces croyants ; un Maurras saluait dans l’Eglise le temple des définitions du devoir ; un Barrès la défendait de toute son âme contre les vétérinaires et les épiciers républicains qui voulaient laisse tomber en ruines ses sanctuaires et, haussant le débat au-dessus de l’hypocrite jurisprudence où un Briand voulait le confiner, il montrait dans l’Hostie élevée par la main du prêtre «  une arme contre la bassesse, une flamme dont ceux qui la possèdent rendent témoignage qu’elle est leur trésor »

(Extrait de « Le Temps de la colère » de R. Vallery-Radot éditions Bernard Grasset)

CD : Chants de Poilus 1914-1918 chant: Ayez pitié Seigneur de ceux qui ne sont plus

 

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1914 Jeanne d’Arc et l’avant-guerre  

Qu’on se rappelle le merveilleux printemps spirituel qu’éclatait de toutes parts à la veille de la guerre.
La poésie appelait la liturgie pour la consacrer : la philosophie, la théologie pour l’accomplir ; la nature tendait les bras à la Grâce.
Toute une jeunesse, riche d’enseignes et d’armes parlantes, écoutait comme des mots d’ordre, ces incantations prophétiques qui redonnaient à la vie sa vertu légendaire. La France, à ses yeux, n’était plus cette idéologie emphatique d’avocats et d’hommes de lettres, nom de guerre ou alibi sentimental, selon les heures, de la Révolution universelle, mais une réalité spirituelle dont la vocation millénaire trouvait justement à ce moment-là son sens et son accent dans le culte de Jeanne d’Arc récemment béatifiée. En vain essayait-on de laïciser cette figure dont le charme impérieux captivait les plus rétifs au mystère en disant qu’elle incarnait l’âme populaire, il n’en était pas moins vrai que cette âme populaire s’exprimait dans une sainte et dont la mission temporelle très précise avait été de rendre, par la force des armes, le royaume de France au Capétien, et non à un autre, afin qu’il n’en gardât que la lieutenance sous la suzeraineté du Christ ; il n’en était par moins qu’à la ressemblance de son Dieu dans la Passion, la guerrière au cœur pur, condamnée par des princes des prêtres et des scribes de son Eglise, entraînait cette jeunesse à sa suite à invoquer dans les flammes de son bûcher les noms divins dont elle vivait et à embrasser sa Croix

(Extrait de « Le Temps de la colère » de R. Vallery-Radot éditions Bernard Grasset)

 

CD Chants d’Europe III chant Jeanne d’Arc

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