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L’écriture sur timbre

Si depuis la nuit des temps, nos ancêtres ont chansonné, tous n’étaient pas musiciens et capables d’inventer de nouveaux airs… Pour pallier ce problème, ils recouraient à des mélodies déjà bien connues sur lesquelles ils plaquaient leurs textes. Ainsi, il est très fréquent de trouver sur d’anciens manuscrits ou imprimés de chants l’unique indication mélodique suivante : « Sur l’air de : … »

C’est ce procédé qu’on appelle l’écriture sur timbre ; le timbre étant un titre (souvent un début de couplet ou de refrain) indiquant sur quel air (supposé connu) se chante une chanson. Cette façon de faire a permis de toujours avoir une création foisonnante de nouvelles chansons : par exemple, si l’on se restreint à la période révolutionnaire et à un seul chant (certes ! le plus connu !) : la Marseillaise (in Chantiers de la jeunesse , Roger Holeindre se souvient) on dénombre plus de 250 chants recourant à ce timbre (dont l’un est passé dans le répertoire Montjoie : l’Hymne des Carmélites de Compiègne martyrisées sous la Terreur, in Chants de France XII).

L’écriture sur timbre fut donc omniprésente dans la constitution de notre répertoire traditionnel et le Chœur Montjoie Saint Denis ne déroge pas à la règle : depuis 40 ans qu’il mène la lutte, il a recouru de nombreuses fois à l’écriture sur timbre pour tous les combats qui se sont présentés (il y en a dans tous les albums des Chants d’Europe II jusqu’aux Chants de France XII).

Il y a un élément à noter : si les textes des chants sont parfois très connotés politiquement, ce n’est absolument pas le cas des airs !! Ainsi, les mélodies sont, dans le combat politique, considérées comme des armes dont on peut dépouiller son ennemi pour les retourner contre lui. Pour l’illustrer, outre la Marseillaise dont on a parlé un peu plus haut, prenons encore la célèbre Carmagnole ; Théodore Botrel n’a eu aucun problème pour reprendre cet air révolutionnaire, écrire de nouvelles paroles dessus et retourner ce chant révolutionnaire contre les Bleus : ainsi est née la Catholique (Chants d’Europe IV et Chants de France VIII).

Citons encore la chanson à boire – donc neutre politiquement ! – fort répandue en France à la fin du XVIIIe siècle : Aussitôt que la lumière (in Chants de la Vigne et du Vin) ; elle a servi de timbre pour la chanson La Ligue Noire (évidemment hostile à la Ligue Noire : l’armée de la Convention qui assiégeait Lyon révoltée contre elle après les massacres commis par son préposé… l’interprétation Montjoie se trouve dans les Chants d’Europe V). À l’opposé, Aussitôt que la lumière a aussi servi de timbre pour des chants on-ne-peut-plus révolutionnaires comme Le réveil du père Duchesne ou encore La chanson grenadière

On ne s’étonnera donc pas non plus de trouver dans le répertoire Montjoie des airs originellement communistes :  Les hussards de Bercheny – ou Chant du 1er RHP –, écrit en 1963 par le capitaine Millot sur l’air du chant révolutionnaire soviétique La Varsovienne, air connu dans le sud de la France par les républicains espagnols expatriés ayant importé leur Hijos del pueblo ou A las barricadas (Les hussards de Bercheny est présent dans les Chants d’Europe II et Chants traditionnels des Paras).

Ainsi, au-delà des différends politiques, la chanson permet de maintenir une certaine unité dans notre France fragmentée.

En France, tout finit par des chansons ! 

Sources : L’air et les paroles : l’intertextualité dans les chansons de la Révolution (1988, Hinrich Hudde)

P.-S. : et pouvait-on vraiment parler de l’écriture sur timbre sans évoquer le magnifique hommage de Jean de Brem  à ses camarades tombés : la Cavalcade (Chants d’Europe II) écrit sur l’air du fameux Ich hatte einen Kamaraden (ou J’avais un camarade en français, Chants de Paras, air aussi repris par le chœur Montjoie pour Mon frère scout, mon camarade en mémoire de Fix Guillaume †8/12/2001, Chants de France XII)

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La Cavalcade

jean de brem«  Je sens peser sur mes épaules misérables le poids démesuré du plus glorieux des héritages.. »
Ainsi s’exprime Jean de Brem dans la préface du livre unique que le destin lui a laissé le temps d’écrire juste avant de rejoindre la Cavalcade. Il avait aussi composé les vers d’une chanson sur une mélodie venue de l’autre rive du Rhin, là où commence la grande plaine européenne.
Il avait su rassembler dans son texte tout ce qui faisait rêver notre jeunesse : l’amitié, l’aventure, la guerre quand elle est le fait des chevaliers, la peine enfin et l’espérance exprimée dans la dernière prière.
C’est au grand galop d’un parti de cavaliers que Jean de Brem conduisit sa vie loin des quiètes ignorances et des confortables renoncements.
Depuis qu’il est parti, la chanson a pris un sens plus cruel, plus vrai – J’avais un camarade.

Pierre Durand

(Citation extraite de Chants de France et de Chrétienté édité par le Centre Henri et André Charlier en 1988)

La Cavalcade dans notre CD Chants d’Europe II

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