1914 Jeanne d’Arc et l’avant-guerre  

1914 Jeanne d’Arc et l’avant-guerre  

Qu’on se rappelle le merveilleux printemps spirituel qu’éclatait de toutes parts à la veille de la guerre.
La poésie appelait la liturgie pour la consacrer : la philosophie, la théologie pour l’accomplir ; la nature tendait les bras à la Grâce.
Toute une jeunesse, riche d’enseignes et d’armes parlantes, écoutait comme des mots d’ordre, ces incantations prophétiques qui redonnaient à la vie sa vertu légendaire. La France, à ses yeux, n’était plus cette idéologie emphatique d’avocats et d’hommes de lettres, nom de guerre ou alibi sentimental, selon les heures, de la Révolution universelle, mais une réalité spirituelle dont la vocation millénaire trouvait justement à ce moment-là son sens et son accent dans le culte de Jeanne d’Arc récemment béatifiée. En vain essayait-on de laïciser cette figure dont le charme impérieux captivait les plus rétifs au mystère en disant qu’elle incarnait l’âme populaire, il n’en était pas moins vrai que cette âme populaire s’exprimait dans une sainte et dont la mission temporelle très précise avait été de rendre, par la force des armes, le royaume de France au Capétien, et non à un autre, afin qu’il n’en gardât que la lieutenance sous la suzeraineté du Christ ; il n’en était par moins qu’à la ressemblance de son Dieu dans la Passion, la guerrière au cœur pur, condamnée par des princes des prêtres et des scribes de son Eglise, entraînait cette jeunesse à sa suite à invoquer dans les flammes de son bûcher les noms divins dont elle vivait et à embrasser sa Croix

(Extrait de « Le Temps de la colère » de R. Vallery-Radot éditions Bernard Grasset)

 

CD Chants d’Europe III chant Jeanne d’Arc

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